Suisse

Ian
Anüll

Biographie

Né en 1948 à Sempach, dans le canton de Lucerne, l'artiste emploie le pseudonyme Ian Anüll depuis 1969. Les renseignements biographiques à son sujet sont aussi rares que les informations sur sa formation artistique, l’artiste ayant développé une stratégie artistique visant à contrecarrer les évaluations et les critères de classification conventionnels. Anüll publie ses premiers livres d'art dans les années 1970. Il connaît d’abord le succès en Suisse dans des expositions personnelles et collectives ; ce n’est qu’à la fin des années 1980 qu'il commence à retenir l'attention du public et de la critique en Europe, au Canada et aux États-Unis.

Après une exposition personnelle à la Kunsthalle de Zurich en 1990, il est choisi pour représenter la Suisse à la Biennale de São Paulo de 1991. Ses plus importantes expositions personnelles ont eu lieu au Musée d'art de Soleure en 2003 et 2018, à la Kunsthalle de Giessen en 2005, au Centre culturel suisse de Paris en 2006 et au Helmhaus de Zurich en 2010. Ian Anüll vit et travaille à Zurich.

L'artiste et son œuvre

L'hétérogénéité formelle de l'œuvre d'Anüll décourage toute assignation stylistique. Comme beaucoup d'artistes de sa génération, Anüll se méfie des critères conventionnels d'évaluation des œuvres, ainsi que des indicateurs sociaux, politiques ou économiques. Son œuvre a précisément pour objet l'analyse et la critique de ces questions, empruntant des éléments visuels à des contextes variés tels que le monde des biens de consommation ou les arts et les médias de masse. Des titres comme Marketing Esthetics (1988-1990), Product and Trademark (1984) et Copy (1991) abordent la manière avec laquelle valeur monétaire et valeur artistique s’articulent dans notre société. Il emploie également des procédés et des matériaux évoquant des artistes antérieurs, tel le feutre immédiatement associé à Joseph Beuys. L’artiste met ainsi en évidence la tendance de l'art contemporain à se comporter comme une marque commerciale.

Pour sa série Dormeurs (années 1990), Anüll photographiait des sans-abri dormant dans les rues de nombreuses villes, dénonçant la pauvreté et l'exclusion, révélant la face cachée de l'économie de marché. Depuis 2006, il est revenu sur le thème des sans-abri, par exemple dans sa projection vidéo Gran Via, qui met en scène un homme montant et démontant des cartons dans les rues de Madrid, la signification de ses gestes ne faisant l'objet d'aucune appréciation de l'artiste. Grande Rue I-III (2008) montre l'artiste agenouillé devant une banque à Genève, derrière un écriteau portant l'inscription « PAS D'ARGENT SVP ». Lors de la rétrospective du Helmhaus de Zurich (2010), ces vidéos étaient projetées sur un édredon blanc, ajoutant encore au caractère poignant du sujet.

Les éléments conceptuels demeurent exceptionnels dans l'approche d'Anüll, généralement plus intuitive que planifiée. Cet aspect apparaît avec évidence dans ses collages à l'aquarelle, où symboles du quotidien et objets ordinaires sont connectés de façon ludique et graphique. Sensuelle et analytique à la fois, son œuvre interroge sans trêve les valeurs socialement établies et le rôle ambivalent de l'art.

Les œuvres

05
Collection of contemporary art