Mexique

Teresa
Margolles

Biographie

Née en 1963 à Culiacán au Mexique, Teresa Margolles entame sa carrière en pratiquant la photographie après des études d’art et de sciences de la communication à Mexico City. Ainsi, durant quelques années, elle bénéficie du savoir des réfugiés politiques chiliens ou argentins qui, selon ses propres termes « ont favorisé une vision humaniste ». Par la suite, elle est membre du collectif Semefo (aujourd’hui dissout) dans lequel elle chante et comble son besoin de performance. 

 

Convaincue que « l’émotion est plus directe s’il y a peu d’éléments », elle oriente son art vers une forme de plus en plus minimaliste. Pour son travail, elle fréquente les morgues et finit par obtenir un diplôme en médecine légale, car « les manières de mourir des gens en disent long sur le thermomètre social ». Ce n’est donc ni le trépas ni le corps en tant que présence physique, qui l’intéressent, mais bien le cadre économique et politique de son pays dans lequel s’inscrit la mort. 

L'artiste et son œuvre

Par le biais d’installations montrées de Kassel à Vienne en passant par Venise, Madrid, Glasgow, Gwangju ou New York, Teresa Margolles évoque les morgues mexicaines où s’élaborent – physiquement ou conceptuellement – la plupart de ses œuvres. Des travaux enracinés dans la violence endémique de son pays, où narcotrafic, corruption et exclusion sociale provoquent des milliers de morts chaque année. Davantage que choquer, l’artiste désire confronter son public à des réalités que personne ne veut reconnaître. Face à la guerre entre les trafiquants de drogue et le gouvernement, face aux règlements de compte entre cartels et face, enfin, au féminicide de Ciudad Juárez qui sévit au Mexique, Teresa Margolles est une artiste emblématique de la dénonciation, empruntant son vocabulaire plastique aux conséquences de cette violence : le corps assassiné. Dans 40 kilómetros, au travers de 21 photographies, elle documente des autels installés sous des arbres situés entre Culiacán – capitale de Sinaloa – et Playa Altata. 

Rendant hommage aux victimes décédées le long de cette route, cette série densifie l’horreur de la situation en opposant les arbres, symboles universels de la vie, aux crimes affichés sous leurs frondaisons. Si, entre autres choses, cette œuvre tire sa force de son silence, c’est parce que l’artiste évite l’écueil de représenter le crime comme le fait la presse à sensation qui sature l’espace des médias d’images violentes. Rappelons toutefois que pour le pavillon mexicain de la Biennale de Venise en 2009, sous le titre De qué otra cosa podríamos hablar? Teresa Margolles investissait un palazzo avec la boue et le sang récupérés sur des scènes de crime. Au sol, le fluide rouge était lavé par plusieurs performers, à la serpillère, ne manquant pas d’emplir les lieux d’une odeur impossible à oublier. 

Les œuvres

04
Collection of contemporary art