Espagne
Carmen Calvo
Biographie
Carmen Calvo est née à Valence (Espagne) en 1950. Elle y suit des études d’art puis s’installe à Madrid, puis à Paris, avant de revenir vivre dans sa ville natale. En 1997, elle représente l’Espagne à la Biennale de Venise en compagnie de Joan Brossa et expose l’année suivante aux États-Unis et en Amérique du Sud. En 2002, le Musée national centre d'art Reina-Sofía de Madrid lui consacre une importante exposition monographique.
En 2013, elle reçoit le Prix national des Arts plastiques du ministère espagnol de l’Éducation, de la Culture et des Sports, tandis qu’elle fait l’objet d’une exposition avec catalogue au Centro de Arte Tomás y Valiente de Fuenlabrada, à la Sala Alcalá en 2016 et au Musée Cerralbo en 2018.
L'artiste et son œuvre
C’est un monde onirique, désuet et secret que celui de Carmen Calvo. L’artiste travaille avec des objets modestes, issus d’un passé évanoui, qu’elle trouve au hasard de ses pérégrinations, dans des brocantes ou au fond de greniers, et qu’elle assemble en de singuliers inventaires. Objets en morceaux, humbles souvenirs désormais dépourvus de valeur, hantent ses assemblages ou ses collages étranges et surréels. Carmen Calvo détourne également de vieilles photographies de famille à la saveur passée, leur ajoutant des touches de couleurs joyeuses, notamment autour des yeux et de la bouche des personnes représentées. Ces aplats de couleurs primaires viennent obstruer le regard ou masquer le visage des protagonistes, qui évoquent alors des fantômes énigmatiques surgis d’un passé lointain. Les regards sont en effet presque toujours dissimulés, comme dans Un deleite triste, tandis que les bouches sont barrées, peut-être en souvenir des périodes de dictature qu’a connues l’Espagne. L’œuvre d’art les extrait ainsi de l’univers privé et anonyme pour les verser dans l’espace public.
Les éléments qui composent les œuvres de Carmen Calvo renvoient non seulement au monde hispanique, mais aussi à la religion catholique et au féminin universel. L’esprit des cabinets de curiosités n’est pas loin, où les collectionneurs accumulaient autrefois des fragments de monstres ou émanant de mondes surréels. D’autres fois, les œuvres évoquent des autels surmontés d’ex-votos, créant autour d’eux un espace sacré que l’on n’aborde qu’avec respect et dans le silence. Dans Retrato de Alicia, l’artiste assemble ainsi des objets hétéroclites en une composition qui renvoie au monde de l’enfance et à celui des apparences. Au centre, un Christ aux yeux bandés semble presque perdu au milieu de cet univers baroque. Il repose dans le silence, comme pour interpeller notre intériorité.
Le travail de Carmen Calvo s’apparente à celui de l’archéologue fouillant d’anciennes strates de vies passées pour les recomposer et leur attribuer un sens nouveau. Les titres semblent nous révéler une anecdote singulière sur les personnages représentés, conférant ainsi une autre dimension aux œuvres. L’équilibre entre sujet anonyme et personnage célèbre est rétabli. Le spectateur n’a plus qu’à inventer sa propre histoire.
Les œuvres
02UN DELEITE TRISTE, 2013
Techniques mixtes, collage, photographie
101 x 79 cm